dimanche 17 décembre 2006

Disney au Grand Palais



La souris aux grandes oreilles, c’est pour les petits. Vite dit ; certes le versant loisirs-carton pâte n’a rien de bien folichon, mais il s’agit, au Grand Palais, d’évoquer les influences artistiques qui ont marqué les premières créations des studios Disney. L’oncle Walt, qu’il ait dessiné ou fait dessiner les autres, a su insufler à son œuvre une magie liée à des sources cinématographiques, comme l’expressionnisme allemand, ou picturales, comme les grands dessinaturs français du XIXème siècle. Qui aurait cru que la maison des Sept Nains ressemblait autant à celle du savant fou de Fritz Lang dans Métropolis? Et le balcon d’où Blanche-Neige voit son Prince à celui du Roméo et Juliette de Cukor ? Vous avez jusqu’au 15 janvier pour remonter « aux sources de l’art des studios Disney », comme l’annonce le sous-titre de cette exposition passionnante : Il était une fois Walt Disney. www.rmn.fr

Un conseil, pendant les vacances, privilégiez le soir et la nocturne du mercredi jusqu’à 22h.
D. Houzé

vendredi 8 décembre 2006

The Philadelphia Story


Comment analyser les bulles d’un champagne millésimé sans le dénaturer ? Vous parler de The Philadelphia Story me fait l’effet un replâtrage à la Viollet-le-Duc sur un vitrail gothique flamboyant. Les effets, les grâces et la magie de ce film, vous les comprendrez tous seuls ; il vous suffira de rire, de sourire, de vous laisser prendre par son rythme trépidant.
Bien sûr, vous vous attendez à une de ces comédies sophistiquées des années 40 dont Hollywood avait le secret. La force de ces films, très souvent adaptés de pièces à succès de Broadway, vient du théâtre : structure sans faille, intrigue à rebondissements, dialogues étincelants, pleins de causticité et de second degré (à moins que ce ne soit du troisième…). Pourtant, Philadelphia ne se réduit pas à un dialogue filmé ; il regorge de trouvailles comiques purement visuelles comme la scène initiale de rupture, tout en gestes, ou celle d’un majordome muet mais réprobateur face à un James Stewart empochant par mégarde un briquet de la liste de mariage. Le laconique « oh, no, no ! »avec trémolo de Stewart vaut les plus fins dialogues. A l’inverse, la logorrhée peut, elle aussi, être un ressort comique : nous assistons médusés au show de Dinah, véritable mitraillette mondaine bilingue. Et puis, il y a ce petit supplément de plaisir : l’impression de pénétrer par effraction dans le grand monde, avec le reporter Macaulay Connor et sa photographe Liz Umbrie. L’impression d’être un espion dans le gotha et d’aimer cela (si ce n’est pas le cas, vous avez l’étoffe d’un anachorète). Osez dire que vous ne ressentez pas un petit frisson d’envie en voyant Macaulay dans des vestiaires de piscine qui ressemblent à une maison aux Bermudes.
[suite de l'article de D. Houzé dans le journal...]