vendredi 8 décembre 2006

The Philadelphia Story


Comment analyser les bulles d’un champagne millésimé sans le dénaturer ? Vous parler de The Philadelphia Story me fait l’effet un replâtrage à la Viollet-le-Duc sur un vitrail gothique flamboyant. Les effets, les grâces et la magie de ce film, vous les comprendrez tous seuls ; il vous suffira de rire, de sourire, de vous laisser prendre par son rythme trépidant.
Bien sûr, vous vous attendez à une de ces comédies sophistiquées des années 40 dont Hollywood avait le secret. La force de ces films, très souvent adaptés de pièces à succès de Broadway, vient du théâtre : structure sans faille, intrigue à rebondissements, dialogues étincelants, pleins de causticité et de second degré (à moins que ce ne soit du troisième…). Pourtant, Philadelphia ne se réduit pas à un dialogue filmé ; il regorge de trouvailles comiques purement visuelles comme la scène initiale de rupture, tout en gestes, ou celle d’un majordome muet mais réprobateur face à un James Stewart empochant par mégarde un briquet de la liste de mariage. Le laconique « oh, no, no ! »avec trémolo de Stewart vaut les plus fins dialogues. A l’inverse, la logorrhée peut, elle aussi, être un ressort comique : nous assistons médusés au show de Dinah, véritable mitraillette mondaine bilingue. Et puis, il y a ce petit supplément de plaisir : l’impression de pénétrer par effraction dans le grand monde, avec le reporter Macaulay Connor et sa photographe Liz Umbrie. L’impression d’être un espion dans le gotha et d’aimer cela (si ce n’est pas le cas, vous avez l’étoffe d’un anachorète). Osez dire que vous ne ressentez pas un petit frisson d’envie en voyant Macaulay dans des vestiaires de piscine qui ressemblent à une maison aux Bermudes.
[suite de l'article de D. Houzé dans le journal...]

1 commentaire:

Anonyme a dit…

"tous seuls" ou "tout seuls" ?
Tout le monde n'est pas anachorète!
Je peux t'aider à relire si tu veux!
Tout le reste est magistral. Bravo Domino again